Mario Molina : ce que vous devez savoir sur ce chimiste mexicain

Mario Molina

L’humanité a connu des hommes et des femmes scientifiques à l’instar de Marie Curie lauréate du prix Nobel de Physique. Ou encore Albert Einstein prix Nobel de la paix. En médecine ou en biologie, ils ont mis leurs travaux au service du monde. Des découvertes aux inventions, ces grands chercheurs ont pleinement contribué à l’évolution scientifique. Mario Molina, qui est ce chercheur physicien connu pour ses travaux sur la couche d’ozone ?

La naissance

De son vrai nom, Mario José Molina-Pasquel Henriquez, il vit le jour le 19 mars 1943 à Mexico. Il a été élevé dans une famille de gens instruits par Roberto Molina Pasquel, son père et avocat, et Léonor Henriquez de Molina. Tout semblait donc indiquer que l’enfant, en grandissant, sera un grand diplomate. C’est sans compter sur les fascinations du petit Mario qui était plutôt attiré par les sciences naturelles.

Une enfance, présage de sa carrière de chimiste

En effet, alors qu’il était encore tout petit et à l’inverse des garçons de son âge, Mario adorait pratiquer des expériences au microscope. Il adorait regarder les organismes vivants contenus dans une goutte d’eau. Tout porte donc à croire que le jeune enfant désirait emboîter les pas de sa tante, Esther Molina, chimiste.

C’était d’ailleurs l’unique membre de la famille qui lui prodiguait de sages conseils en chimie organique et qui espérait le voir faire partie de la communauté des scientifiques de renom. Très amoureux de cette science, Mario réaménage une salle de bain délaissée dans la maison familiale et en fait un laboratoire de chimie.

Avec l’aide de sa tante, il rentre en possession du matériel nécessaire pour transformer son œuvre en vrai laboratoire. Il passait alors ses journées à observer les amibes et les paramécies et faisait des recherches expérimentales.

Une profonde attirance pour la musique

Le premier centre d’intérêt de Mario dans son enfance n’était pas la chimie, mais plutôt la musique. Avant ses 11 ans, le jeune enfant jouait déjà du violon. Certains le voyaient même devenir musicien. Sauf que cette grande attirance pour l’art musical au fil du temps s’est amoindrie en faveur de son amour pour la chimie.

Le jeune Molina qui adorait s’imprégner des travaux des chercheurs et des biographies des célèbres physiciens et chimistes allait donc lui aussi devenir chimiste. Un choix que ses parents n’ont eu aucun mal à comprendre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il part en Suisse pour apprendre l’allemand et terminer ses études primaires.

Les études secondaires et un cursus universitaire très laborieux

Après quelques années passées en Suisse, le chimiste en herbe retourne dans son Mexico natal achever ses études secondaires et obtenir son baccalauréat. Sa déception était grande du fait que ses camarades n’éprouvaient pas un grand intérêt pour la chimie. Par la suite, en 1965, il obtient brillamment son diplôme d’entrée à l’université nationale autonome du Mexique où il étudie la physique-chimie.

Ses années d’études universitaires furent sanctionnées par un diplôme d’ingénieur chimiste. Mario Molina ne se contentera pas de ce diplôme. En réalité, le jeune diplômé a senti le besoin de se former encore plus et s’inscrit aussi dans une université allemande pour étudier la cinétique de la polymérisation. Ses études à l’université de Fribourg achevées, celui qui était épris des mathématiques, part pour Paris avec son diplôme d’études supérieures obtenu en 1967.

Dans la Ville lumière, il s’est consacré à des travaux de recherche en mathématiques. Mais son parcours universitaire ne s’arrête pas là. Après ce long périple, l’ingénieur en chimie choisit de revenir au pays et de mettre son savoir au service de la nation. Il enseigne alors à l’université nationale autonome du Mexique, là où tout a commencé. Grâce à son sens du patriotisme et à son amour inconditionnel pour la chimie, il met au point un programme d’études pour les étudiants désireux s’inscrire en génie chimique.

Un tour au pays et puis s’en va

Ce retour au Mexique ne sera pas définitif. En réalité, dès 1968, après une année d’enseignement comme professeur agrégé au Mexique, Mario décide de s’inscrire pour sa thèse de doctorat. Il intègre alors un groupe de recherche de l’université de Californie. L’éminent professeur George Pimentel avait la charge de diriger ce groupe de recherche.

Avec d’autres doctorants, il étudie la dynamique moléculaire. Une joie pour le brillant scientifique qui a toujours voulu élargir son champ de connaissances. Avec l’aide du professeur, Molina fait ses premières intenses recherches sur les lasers chimiques et découvre ensuite les effets de son utilisation comme arme de guerre. Jusqu’en 1972, il poursuit seul ses recherches sur les réactions photochromiques et la distribution d’énergie.

Sa soif de connaissance le conduira plus tard à l’université de Californie. Là, il intègre l’équipe de recherche du professeur Sherwood Rowland. Sous la supervision de ce dernier, Mario se consacre à l’étude des réactions chimiques des produits chimiques encore appelés chlorofluorocarbones. Molina soupçonnait ces produits issus de l’industrie chimique d’être néfastes pour l’environnement.

Riche carrière et défense de l’environnement

Les futurs lauréats du prix Nobel qui vont partager leurs travaux se lancent dans l’étude des conséquences des gaz chlorofluorocarbones. Les débuts de Mario dans la chimie atmosphérique étaient réussis. Ensemble avec son mentor, le chimiste mexicain fera alors une découverte majeure qui impactera le monde.

Mario établira une théorie selon laquelle les chlorofluorocarbones (CFC) impactent négativement la couche d’ozone. La destruction des CFC par le rayonnement ultraviolet émet des atomes responsables de la destruction de la couche d’ozone. Grâce aux travaux des deux scientifiques, l’opinion publique s’est rendu compte du pouvoir de destruction des atomes de chlore.

Un seul atome possède la capacité de réduire à néant plus de 90 000 molécules contenues dans la couche d’ozone. Une découverte alarmante qui paraîtra plus tard en juin 1974 dans une revue scientifique. Et sans surprise, ces conclusions ont été mal accueillies par les industries et d’autres scientifiques.

Dès lors, Mario Molina entreprend une campagne afin de faire prendre conscience des risques encourus par la terre. Il s’efforcera donc de rencontrer les responsables politiques dans le but d’amener ces derniers à voter des lois qui protègent la couche d’ozone. Il a même été devant le Congrès américain. Après sept années passées au sein du corps professoral de la prestigieuse université de Californie, de 1975 à 1982, Mario s’en va.

En 1976, ses théories sont confirmées par un rapport publié par l’Académie nationale des sciences des États-Unis. La convention de Vienne signée par 20 pays apportera une réglementation sur l’utilisation des substances nuisibles à la couche d’ozone. Le président américain Ronald Reagan se ralliera en 1987 au protocole de Montréal dont le but est la fin des émissions des CFC. Cette décision ouvrira la porte à la ratification du protocole par 200 autres pays. Une victoire pour Mario Molina

Son nouveau poste lui permet ainsi de se consacrer à ses propres expériences de recherche sur les risques atmosphériques. Dans son laboratoire du Massachusetts Institute of Technology, MIT, le futur récipiendaire du prix Nobel fait ses recherches et fera de nombreux autres travaux, tous consacrés à l’atmosphère. En 2004, il décide alors de faire son retour à l’université de Californie en tant qu’enseignant.

Distinctions

De nombreux prix sont attribués aux scientifiques. Ces derniers se voient être récompensés pour leurs recherches. En réalité, Mario a reçu une pléthore de prix et de distinctions scientifiques en reconnaissance à ses travaux de recherche sur l’émission des CFC. Voici quelques-unes de ces prix.

  • Prix Esselen décerné par l’American Chemical Société en 1987.
  • Prix Newcomb-Cleveland remis par l’association américaine pour le développement de la science en 1989.
  • Prix Global 500 décerné par le Programme des Nations unies pour l’environnement en 1989.
  • Subvention de 150 000 $ accordé par le programme Pew Charitable Trusts Scholars in Conservation and the Environnement en 1990.
  • Prix Nobel de chimie décerné en compagnie d’autres scientifiques pour leurs recherches sur les risques du CFC sur la couche d’ozone. Leurs travaux ont permis des avancées sur la préservation de l’environnement. Une distinction majeure reçue aux cotés de Paul Crutzne et Sherwood Rowland en 1995. Par la même occasion, l’astéroïde 9680 sera renommé en son nom.
  • Médaille Willard Gibbs remise par l’American Chemical Society en 1998.
  • Prix de l’American Chemical Society récompensant sa contribution dans le développement technologique et scientifique environnemental en 1998.
  • Médaille présidentielle de liberté, prestigieuse récompense décernée par le président Barack Obama en 2013 à la Maison Blanche.

Outre ces prestigieux prix qui lui ont été remis, le Dr Molina a reçu d’innombrables diplômes honorifiques attribués par les universités les plus prestigieuses du monde.

Vie privée

L’éminent chimiste qui a reçu le prix Nobel a fondé une famille avec Guadelupe Alvarez. Ensemble, ils ont eu un fils, devenu médecin et exerçant à Boston. En plus de ses différents postes dans les universités, Dr Molina était membre de l’Académie pontificale des sciences, la première en Europe. Il a également siégé à l’académie nationale de médecine des États-Unis, mais aussi à l’académie des sciences mexicaine.

En 2008, le président Barack Obama a sollicité les services de conseiller environnemental du célèbre scientifique. Le 7 octobre 2020, la communauté scientifique est en deuil. Le lauréat du prix Nobel de chimie 1995 décède à 77 ans dans sa ville natale, Mexico. Il souffrait d’un infarctus aigu du myocarde. Aujourd’hui encore, l’humanité peut lui dire merci, car ses travaux ont permis de sauver les êtres vivants.